Fondation Louis Vuitton – la collection Chtchoukine
J’ai découvert la fondation Louis Vuitton lors de son ouverture, et c’est avant tout par l’architecture de Frank Gehry que j’ai été impressionnée.
Et puis il faut le dire, la Fondation est loin, très loin, pour ce qui me concerne en tous cas. Et je n’y étais pas retournée.
Jusqu’à aujourd’hui. Pour découvrir la collection Chtchoukine.
Mais commençons par le commencement : le bâtiment lui même.
Fondation Louis Vuitton – une architecture unique
Ce lieu, ouvert au public depuis octobre 2014, est donc une oeuvre de l’architecte américain Frank Gehry. Verre et structures aériennes, ce vaisseau tout en lignes et courbes s’est amarré au coeur du bois de Boulogne, pouvant ainsi être vu de loin et sous tous les angles.
L’extérieur est spectaculaire, tout particulièrement actuellement avec le travail in situ de Daniel Buren qui l’a habillé de couleurs.
La fondation Louis Vuitton a pour volonté « d’offrir à Paris un lieu d’exception pour l’art et la culture » (Bernard Arnault)
Et aujourd’hui, elle accueille, jusqu’au 20 février 2017, une exposition exceptionnelle.
La collection Chtchoukine – icônes de l’art moderne
Sergueï Chtchoukine est un grand collectionneur russe. Sa collection, particulièrement remarquable, constitue un véritable panorama de l’art et de l’histoire de la peinture, à cette époque où il fit le choix d’acquérir les oeuvres de ceux qui étaient rejetés par les grandes institutions artistiques du moment.
Ainsi, sa collection contient un grand nombre d’oeuvres impressionnistes, cubistes, fauves, mais aussi naïfs ou réalistes.
Certains artistes sont tout particulièrement présents, tels que Cézanne ou encore Matisse, sans oublier Monet et les 13 oeuvres dont il fit l’acquisition, et dont 8 sont présentées dans cette exposition.
L’exposition est organisée en 14 salles. Certaines sont reconstituées à l’image de leur lieu d’exposition dans le palais Troubetskoï du collectionneur. Les autres sont orchestrées par thématiques, avec la prédominance d’un ou plusieurs artistes.
La toute première salle nous parle du collectionneur et de ses artistes.
Des portraits de Chtchoukine, et des peintres qui l’ont marqué.
Puis, après la salle de « la première collection », présentant des oeuvres d’artistes qui n’ont pas forcément marqué l’histoire, on arrive dans la première salle spectaculaire, qui présage de celles à venir.
La salle 4 : « paysages impressions » . Celle qui permet de découvrir les Monet, artiste dont il fut extrêmement proche.
Attention, éblouis par les Monet, vous pourriez passer à côté des Pissaro : ne faites pas ça, d’autant que ces oeuvres représentent Paris !
Puis vient Cézanne, la puissance de ses oeuvres, dans la salle 5.
Faisons d’ailleurs un petit comparatif : Cézanne versus Derain, pour le même sujet…
Alors, votre choix ? Le mien est fait, sans hésitation !
Après les paysages, la salle 6 : la grande iconostase. Là, c’est Gauguin avec 11 des 16 toiles du collectionneur.
La salle 7 est dédiée aux portraits. De vrais bijoux, dont ce Renoir extraordinaire – opinion personnelle bien sur.
Elle contient également l’unique Degas de cette exposition. Un Degas quasi dérangeant, avec cette pose figée, presque douloureuse, si différente de ses autres oeuvres dans cet univers de la danse qui l’a tant inspiré.
La 8ème salle est également spectaculaire. Matisse, central dans la collection Chtchoukine, et dans le palais Troubetskoï, explose ici. Explosion de lumières et de couleurs.
L’idée n’est pas ici de vous livrer l’intégralité de l’exposition, et je m’arrêterai là en ce qui concerne les oeuvres exposées, qui sont, comme vous l’aurez déjà compris, extrêmement nombreuses, spectaculaires, du pinceau des plus grands artistes de la fin du XIXème siècle / début du XXème.
Et je concluerai donc sur les aspects plus techniques de l’exposition, accrochage, circulation, et audioguide, ou plus précisément l’app à télécharger pour accompagner la visite.
Découvrir l’exposition
L’exposition « Icônes de l’art moderne – la collection Chtchtoukine » s’organise donc en 14 salles et sur tous les étages de la Fondation. Vous l’aurez compris, elle est très longue, très riche, et il faut prévoir deux heures pour passer par toutes les salles et voir toutes les oeuvres.
La circulation est fluide, et permet de faire une incartade vers les terrasses pour admirer la vue unique, particulièrement quand le soleil est de la partie !
Chaque angle de vue est unique.
Et tout est super photogénique !
Pour découvrir l’exposition, plutôt qu’un audio guide c’est une app à télécharger qui est proposée.
Pourquoi pas. Même pour ceux qui ont des difficultés à trouver l’app ou à la télécharger, on peut demander de l’aide aux helpers présents dans chaque salle.
Le contenu lui est plus discutable. Je m’explique. Pour chaque salle, une vidéo d’introduction. Puis, pour chaque salle, un, deux, peut-être trois tableaux grand maximum dispose d’une bande son explicative.
Sauf que.
La voix principale est celle d’Anne Baldassari, la commissaire générale de l’exposition. Gageons qu’elle a une très haute estime d’elle même. Je n’ai jamais entendu une telle concentration du pronom « je » dans un discours explicatif.
La découverte commence plutôt bien. Le « on » est le pronom, typiquement français, sélectionné pour décrire le contexte, l’environnement historique, le contenu de la première salle.
Mais très vite, cela se gâte.
« J’ai décidé d’installer les oeuvres de telle et telle manière »
« J’ai choisi d’accrocher ce tableau de cette façon »
« J’ai opté pour ces tableaux et … »
« Bien évidemment, je ne vais pas accrocher sous forme d’iconostase mais ce que J’AI conservé ce sont … »
Et bien JE propose à cette dame de revoir sa posture.
Peut-être pourrait-elle envisager de s’effacer derrière le collectionneur, ou encore derrière les artistes extraordinaires qui sont présentés.
Et surtout, peut-être pourrait-elle adopter une posture explicative et bienveillante plutôt que ce ton professoral exagérément égocentré.
Je m’emballe bien sur. Mais des souvenirs d’audio guides qui bouleversent la compréhension et subliment les oeuvres me viennent à l’esprit. Rares, alors qu’ils devraient être au coeur de la préparation d’une exposition.
Pour les amateurs éclairés comme pour les novices.
Il n’en demeure pas moins que l’exposition est superbe. Et je vous la recommande sincèrement.
La collection Chtchoukine – jusqu’au 20 février 2017
prolongé jusqu’au 5 mars 2017
Fondation Louis Vuitton 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris
J’ai fait la visite sans audioguide, j’ai bien fait. C’est encore plus beau avec le soleil, ces autocollants!
Le soleil rend le tout spectaculaire ! Quant à l’audioguide, malheureusement, je suis d’accord avec toi, même si tout n’était pas à jeter bien sur 😉