C’était il y’a un peu plus d’un an maintenant. En fin d’après midi, les premières informations envahissaient d’abord les réseaux sociaux puis les écrans de télévision. La plus belle cathédrale de Paris prenait feu sous nos yeux. Nous étions tous hébétés, impuissants. La vision de ce symbole de la capitale qui menaçait de s’envoler totalement en fumée laissait les parisiens sans voix, mais aussi la France et le monde entier. Notre-Dame de Paris brûlait.
Notre-Dame de Paris – l’histoire d’une architecture tournée vers le futur
Dès 1160, 3 ans avant la pose de sa première pierre, Notre-Dame est le fruit d’un rêve de modernité. C’est à l’évêque de Paris, Maurice de Sully, que l’on doit le style gothique flamboyant de la cathédrale. C’est lui qui osa ce pari architectural, à cette époque où le style roman dominait encore. En 1250, la cathédrale est considérée comme terminée. Elle subit quelques modifications au fil des siècles. Lors de la Révolution, elle servira d’entrepôt. Les statues de la galerie des rois sont détruites, la flèche du XIIIème siècle démontée. Tombée dans l’oubli et laissée à l’abandon, c’est en 1844 que sa restauration est lancée. C’est Eugène Viollet-Le-Duc qui en est chargé. Il apposera sa touche personnelle, faite de gargouilles et de cette nouvelle flèche si différente de la première construite.
Notre-Dame de Paris – et maintenant ?
En cette année 2019 le destin donnait à la France une occasion unique de reprendre le flambeau de l’audace architecturale. Parce qu’un drame tel que l’incendie qui ravagea la cathédrale n’a de sens que s’il permet d’avancer, de progresser, de se réinventer. Rapidement un concours international est annoncé pour une nouvelle flèche, digne du XXIème siècle.
Et puis le Covid a éteint la nation. La rentrée est annoncée sous le signe d’une crise économique et des tensions qui l’accompagneront.
Le président Emmanuel Macron a donc décidé de ne pas donner suite à cette belle idée de concours qu’il avait lui même lancée. Notre-Dame de Paris sera reconstruite à l’identique. Figée dans ce qu’elle a été depuis Viollet Le Duc. Elle qui était le symbole d’une vision, elle est désormais celui de l’immobilisme.
Notre-Dame de Paris – je voulais que rien ne change, et pourtant …
Il y a quelques jours un ami me posait la question : « et toi, tu en penses quoi de Notre-Dame ?« . Et comme souvent ma réponse a été mitigée. « Toujours tentée par le choix frileux de ne rien changer et en même temps parcourue par ce sentiment diffus qu’il faut saisir le moment pout aller de l’avant ». J’aurais donc du être satisfaite. Notre-Dame ne changera pas d’un iota. On s’appliquera à effacer des mémoires cet incendie qui a ébranlé la cathédrale, et tous ses amoureux. Dont moi. Qui l’aime depuis si longtemps.
Et puis je suis tombée sur cet article de Paris Match. Voila ce qu’écrit Gilles-Martin Chauffier, son auteur.
« On fait de Notre Dame la sépulture de l’audace française. Si l’inspiration des archives du XIIe siècle avait eu la même circonspection, ils nous aurait élevé une bonne grosse basilique Romane «
A la lecture de ces mots, tout est devenu clair. Notre-Dame aurait du être au centre d’un projet tourné vers l’avenir. Elle aurait du accueillir une de ces multiples créations que de nombreux architectes du XXIè siècle avaient déjà imaginées dès l’annonce du concours.
Pour que cet incendie s’inscrive dans l’histoire si riche de cet édifice séculaire.
Il n’en sera pas ainsi. Peut-être alors que Notre-Dame aura retrouvé son aura à la date tant attendue des jeux Olympiques de 2024. Mais il restera un sentiment d’amertume. Celui de ne pas avoir été à la hauteur.
» Notre-Dame jalouse immobile et sévère du haut de toutes ses pierres nous regardera sans doute très longtemps de travers... »
(vers remanié extrait du chant de la Seine par Jacques Prévert)
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