Fondation Louis Vuitton – la collection Chtchoukine

Fondation Louis Vuitton – la collection Chtchoukine

J’ai découvert la fondation Louis Vuitton lors de son ouverture, et c’est avant tout par l’architecture de Frank Gehry que j’ai été impressionnée.

Fondation Louis Vuitton
Fondation Louis Vuitton

Et puis il faut le dire, la Fondation est loin, très loin, pour ce qui me concerne en tous cas. Et je n’y étais pas retournée.

Jusqu’à aujourd’hui. Pour découvrir la collection Chtchoukine.

Mais commençons par le commencement : le bâtiment lui même.

Fondation Louis Vuitton – une architecture unique

Ce lieu, ouvert au public depuis octobre 2014, est donc une oeuvre de l’architecte américain Frank Gehry. Verre et structures aériennes, ce vaisseau tout en lignes et courbes s’est amarré au coeur du bois de Boulogne, pouvant ainsi être vu de loin et sous tous les angles.

Fondation Louis Vuitton
Fondation Louis Vuitton

L’extérieur est spectaculaire, tout particulièrement actuellement avec le travail in situ de Daniel Buren qui l’a habillé de couleurs.

La fondation Louis Vuitton a pour volonté « d’offrir à Paris un lieu d’exception pour l’art et la culture » (Bernard Arnault)

Et aujourd’hui, elle accueille, jusqu’au 20 février 2017, une exposition exceptionnelle.

La collection Chtchoukine – icônes de l’art moderne

Sergueï Chtchoukine est un grand collectionneur russe. Sa collection, particulièrement remarquable, constitue un véritable panorama de l’art et de l’histoire de la peinture, à cette époque où il fit le choix d’acquérir les oeuvres de ceux qui étaient rejetés par les grandes institutions artistiques du moment.

Ainsi, sa collection contient un grand nombre d’oeuvres impressionnistes, cubistes, fauves, mais aussi naïfs ou réalistes.

Certains artistes sont tout particulièrement présents, tels que Cézanne ou encore Matisse, sans oublier Monet et les 13 oeuvres dont il fit l’acquisition, et dont 8 sont présentées dans cette exposition.

L’exposition est organisée en 14 salles. Certaines sont reconstituées à l’image de leur lieu d’exposition dans le palais Troubetskoï du collectionneur. Les autres sont orchestrées par thématiques, avec la prédominance d’un ou plusieurs artistes.

La toute première salle nous parle du collectionneur et de ses artistes.

Des portraits de Chtchoukine, et des peintres qui l’ont marqué.

Puis, après la salle de « la première collection », présentant des oeuvres d’artistes qui n’ont pas forcément marqué l’histoire, on arrive dans la première salle spectaculaire, qui présage de celles à venir.

La salle 4 :  « paysages impressions » . Celle qui permet de découvrir les Monet, artiste dont il fut extrêmement proche.

Attention, éblouis par les Monet, vous pourriez passer à côté des Pissaro : ne faites pas ça, d’autant que ces oeuvres représentent Paris !

Puis vient Cézanne, la puissance de ses oeuvres, dans la salle 5.

Collection chtchoukine - Cézanne
Collection Chtchoukine – Cézanne

Faisons d’ailleurs un petit comparatif : Cézanne versus Derain, pour le même sujet…

Cézanne ou Derain ?
Cézanne ou Derain ?

Alors, votre choix ? Le mien est fait, sans hésitation !

Après les paysages, la salle 6 : la grande iconostase. Là, c’est Gauguin avec 11 des 16 toiles du collectionneur.

La salle 7 est dédiée aux portraits. De vrais bijoux, dont ce Renoir extraordinaire – opinion personnelle bien sur.

Elle contient également l’unique Degas de cette exposition. Un Degas quasi dérangeant, avec cette pose figée, presque douloureuse, si différente de ses autres oeuvres dans cet univers de la danse qui l’a tant inspiré.

La 8ème salle est également spectaculaire. Matisse, central dans la collection Chtchoukine, et dans le palais Troubetskoï, explose ici. Explosion de lumières et de couleurs.

L’idée n’est pas ici de vous livrer l’intégralité de l’exposition, et je m’arrêterai là en ce qui concerne les oeuvres exposées, qui sont, comme vous l’aurez déjà compris, extrêmement nombreuses, spectaculaires, du pinceau des plus grands artistes de la fin du XIXème siècle / début du XXème.

Et je concluerai donc sur les aspects plus techniques de l’exposition, accrochage, circulation, et audioguide, ou plus précisément l’app à télécharger pour accompagner la visite.

Découvrir l’exposition

L’exposition « Icônes de l’art moderne – la collection Chtchtoukine  » s’organise donc en 14 salles et sur tous les étages de la Fondation. Vous l’aurez compris, elle est très longue, très riche, et il faut prévoir deux heures pour passer par toutes les salles et voir toutes les oeuvres.

La circulation est fluide, et permet de faire une incartade vers les terrasses pour admirer la vue unique, particulièrement quand le soleil est de la partie !

Chaque angle de vue est unique.

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Et tout est super photogénique !

Pour découvrir l’exposition, plutôt qu’un audio guide c’est une app à télécharger qui est proposée.

Pourquoi pas. Même pour ceux qui ont des difficultés à trouver l’app ou à la télécharger, on peut demander de l’aide aux helpers présents dans chaque salle.

Le contenu lui est plus discutable. Je m’explique. Pour chaque salle, une vidéo d’introduction. Puis, pour chaque salle, un, deux, peut-être trois tableaux grand maximum dispose d’une bande son explicative.

Sauf que.

La voix principale est celle d’Anne Baldassari, la commissaire générale de l’exposition. Gageons qu’elle a une très haute estime d’elle même. Je n’ai jamais entendu une telle concentration du pronom « je » dans un discours explicatif.

La découverte commence plutôt bien. Le « on » est le pronom, typiquement français, sélectionné pour décrire le contexte, l’environnement historique, le contenu de la première salle.

Mais très vite, cela se gâte.

« J’ai décidé d’installer les oeuvres de telle et telle manière »

« J’ai choisi d’accrocher ce tableau de cette façon »

« J’ai opté pour ces tableaux et … »

« Bien évidemment, je ne vais pas accrocher sous forme d’iconostase mais ce que J’AI conservé ce sont … » 

Et bien JE propose à cette dame de revoir sa posture.

Peut-être pourrait-elle envisager de s’effacer derrière le collectionneur, ou encore derrière les artistes extraordinaires qui sont présentés.

Et surtout, peut-être pourrait-elle adopter une posture explicative et bienveillante plutôt que ce ton professoral exagérément égocentré.

Je m’emballe bien sur. Mais des souvenirs d’audio guides qui bouleversent la compréhension et subliment les oeuvres me viennent à l’esprit. Rares, alors qu’ils devraient être au coeur de la préparation d’une exposition.

Pour les amateurs éclairés comme pour les novices.

Il n’en demeure pas moins que l’exposition est superbe. Et je vous la recommande sincèrement.

La collection Chtchoukine – jusqu’au 20 février 2017

prolongé jusqu’au 5 mars 2017

Fondation Louis Vuitton 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris

 

La Galerie Mathgoth accueille Herakut

Galerie Mathgoth

La galerie Mathgoth se situe au coeur de l’arrondissement de Paris le plus actif en ce qui concerne le street art ces dernières années. J’ai nommé : le 13ème arrondissement !

Galerie Mathgoth
Galerie Mathgoth

Une galerie née d’une passion, d’une rencontre, d’une vision.

Mathilde et Gautier Jourdain sont des collectionneurs, passionnés par l’art urbain depuis une vingtaine d’années.
C’est en 2010 qu’ils créent leur galerie d’art installée au coeur du 13ème arrondissement de Paris, ce quartier de la capitale où l’art urbain tient désormais une place prépondérante, avec ses multiples fresques monumentales.

Leur moteur : aider et soutenir les artistes, faire découvrir et surprendre, offrir l’envie et les moyens de collectionner.

C’est ce qu’ils font une fois encore en accueillant la première exposition en France de HERAKUT

L’exposition Herakut

Commençons par le commencement.

Mais qui est Herakut ? La vraie question est plutôt : mais qui sont-ils ?

En effet, il s’agit là d’un binôme. Tous deux allemands, AKUT est né à L’Est, quand HERA est née de l’autre côté du mur, à Franckfort, d’un père pakistanais et d’une mère allemande.

Galerie Mathgoth - Herakut
Galerie Mathgoth – Herakut

De fresques en oeuvres monumentales, ils ont parcouru le monde, créant à 4 mains leurs oeuvres reconnaissables entre mille.

Ce qui m’a marquée dans l’exposition qui vient de commencer, et pour laquelle quasiment toutes les oeuvres sont déjà vendues, c’est une nouvelle douceur qui s’est invitée dans leurs tableaux.

Serait-ce parce que Akut sera bientôt père à nouveau ? Ou pour des raisons qui ne nous serons pas dévoilées.

L’évolution est là, perceptible, tout en gardant la signature de cette complémentarité, elle qui trace les grandes lignes, donne le ton, et lui qui travaille le détail, les regards profonds et uniques des personnages.

Je vous invite donc à ne pas manquer cette première exposition en France de ce binôme attachant et talentueux.

Galerie Mathgoth 34, rue Hélène Brion  ·  75013 Paris

Walls In Motion – marché Saint Germain

Walls in Motion

Le Marché Saint Germain vient de réouvrir ses portes. J’ai pu y faire un premier tour il y a quelques jours, même si l’inauguration officielle n’a pas encore eu lieu.

Le Marché s’est réinventé, restant fidèle à sa vocation commerçante qui date du XVème siècle. Et dans cette même démarche de renouveau, les propriétaires ont également eu une volonté que la première marque de son renouement avec la Ville se traduise par un acte fort qui permette de transposer sur les façades encore en travaux du Marché Saint-Germain sa reconnexion immédiate avec son environnement. Ils ont souhaité initier une intervention caritative et artistique, qui soit la transcription de ce qui fait vibrer la Capitale aujourd’hui et exprime sa contemporanéité.

WIM – Walls In Motion marque une transition forte d’un Paris historique vers un Paris revisité par l’art urbain.

Walls in motion
Walls in motion.

Exposition des oeuvres

Les oeuvres originales présentées dans ce site illustrent les travaux d’artistes de renom et historiques du street-art et du graffiti qui façonnent les murs du Paris urbain depuis plusieurs décennies. Cette exposition se concluera par la vente aux enchères des oeuvres originales au profit de l’association 13onze15 .

Des artistes de renom tels que Vinie Grafitti, Speedy Graphito, et tant d’autres ont participé à cette démarche.

Walls in motion
Walls in motion

Les 17 oeuvres seront visibles dans la galerie Fréderic Moison permettant ainsi de les admirer avant leur mise en vente au profit de 13onze15, cette association fondée le 9 janvier 2016 par des victimes et proches de victimes des attentats survenus le 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, 13onze15 et qui a pour mission d’apporter un soutien aux personnes touchées par les attentas.

Vente aux enchères

Elles seront ensuite mises en vente au coeur du Marché Saint Germain, dans l’auditorium.

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Passionnés de street art, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Deux possibilité s’offrent à vous …

L’exposition du 1er au 5 décembre 2016

Galerie Fréderic Moisan  72, rue Mazarine 75006 Paris

La vente 5 décembre 2016 à paritr de 18h30

Auditorium du Marché Saint Germain 4 rue Félibien 75006 Paris

 

Bernard BUFFET – restrospective d’un artiste pas du tout maudit

Bernard Buffet au Musée d’Art Moderne de Paris

C’est la première rétrospective de ce type et de cette envergure. Pour la première fois il est possible de découvrir l’ensemble des facettes de l’oeuvre de cet artiste connu sans l’être vraiment.

On y découvre l’ensemble de son oeuvre dans un parcours chronologique durant lequel on distingue clairement les différentes étapes créatives de l’artiste.

On y retrouve bien sur ses oeuvres les plus connues, telles que son clown triste ou ses auto portraits, mais on prend également la mesure de la variété de sa production à travers ses thèmes de prédilection tels que le religieux, l’illustration littéraire et, le plus étonnant et spectaculaire, voire dérangeant à mon sens, ses allégories tel que les oiseaux ou les folles.

Les débuts – grisaille épurée

Bernard Buffet rencontre la gloire et la reconnaissance dès ses débuts, si jeune, à l’âge de 19 ans. Contrairement à de nombreux artistes devenus célèbres tardivement, voire même après leur mort, il est merveilleusement bien accueilli par le public et par la critique dès ses premières toiles, en 1945.

Un style reconnaissable entre mille, une palette de couleurs réduite au minimum, un graphisme anguleux à l’image de son écriture et de sa signature, unique, et omni présente dans ses oeuvres.

Lui qui semblait si familier, première découverte : ses hommes nus, solitaires, au regard vide et lointain.

La suite

Il rencontre avec son « buveur » une gloire fulgurante, dès 1945, précise son style, multiplie les expositions et les succès auprès des critiques.

Le buveur
Le buveur

Sa signature s’installe telle une marque de fabrique, devient « aussi familière qu’une marque publicitaire » comme le dit Pierre Bergé, son compagnon à l’époque.

Le tournant – couleurs violentes et torturées

Les compositions monochromes et sans relief laissent la place à des tableaux aux peintures violentes, à la matière ultra présente, pour des résultats forts, agressifs, dérangeants.

Bernard Buffet
Bernard Buffet

Du succès auprès du public et des critiques, il passe à une période durant laquelle ses oeuvres les plus connues sont reproduites à l’infini à travers le monde entier, mais fait parallèle à un désintérêt voire même un désaveu de la critique.

La fin

C’est le morbide qui envahit alors son oeuvre avec Les Folles.

Ou encore les écorchés.

 

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Et à vrai dire, au delà de la découverte de cet artiste si connu et que je ne connaissais pourtant pas tant que ça, cette exposition m’a rappelé cette publicité extraordinaire dans laquelle Guillaume Gallienne est juste si parfait…

Bernard Buffet rétrospective 14 octobre 2016 – 26 février 2017

Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris 11 avenue du président Wilson 75116 Paris 

Herb RITTS à la Maison Européenne de la Photographie

Herb RITTS

Un des monuments de la photographie des années 80.

 

Herb RITTS - Maison européenne de la photographie
Herb RITTS – Maison européenne de la photographie

Le photographe et les stars

Grand photographe américain des années 80, c’est une photo de Richard Geere qui le propulse sur le devant de la scène photographique qu’il ne quittera plus.

Richard Geere par Herb RITTS
Richard Geere par Herb RITTS

Ce photographe a immortalisé les plus grands,  et s’est imposé dans l’univers de la mode dans lequel il a exercé tout au long de sa carrière.

Il saisit l’instant, créé le moment, pour des résultats éclatants !

Julia ROBERTS par Herb RITTS
Julia ROBERTS par Herb RITTS

Campagnes de publicités, portraits de stars hollywoodiennes, ses images nous sont si familières et sont entrées au fil des ans dans notre mémoire collective. Il a réuni les plus belles et les a sublimées encore et encore.

Le photographe et le désert

Des silhouettes sculpturales qui se détachent sur fond de désert sous une lumière écrasante.

 

Herb RITTS et les nus

Des corps nus sublimés.

Qu’ils soient masculins.

Ou qu’il s’agisse de corps de femme.

et puis cette image qui me fait dire qu’il se serait bien entendu avec Lucien Clergue ….

Herb RITTS et l’Afrique

Sa passion pour ce continent a aussi alimenté son art.

Et pour finir, une image que j’apprécie tout particulièrement.

L’exposition Herb RITTS se tient à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 30 octobre : ne la ratez pas!

Maison Européenne de la Photographie  5/7 RUE DE FOURCY – 75 004 PARIS

Rentrée littéraire 2016

Rentrée littéraire 2016

C’est le marronnier culturel, l’évènement qui bruisse dans les salons en ville et les cercles avisés.
Cette année donc, les prix seront annoncés dès le 25 octobre avec le prix Femina et jusqu’au 3 novembre, date à laquelle seront annoncés le Goncourt et le Renaudot.
Les différents jurys ont déjà annoncé leurs sélections, par exemple celle du Goncourt .
Ici donc, vous trouverez une sélection restreinte de C Lui. Nous verrons en novembre lesquels de ces choix auront été primés !
Rentree Litteraire
Rentree Litteraire

La rentrée littéraire explore les conflits du XXème siècle

Dans cette rentrée littéraire, comme chaque année, on trouve de tout. Des histoires d’amour, d’infidélité, des introspections personnelles et des grandes sagas qui enjambent plusieurs générations. Les auteurs vont aussi chercher dans l’Histoire récente le matériau de leurs histoires. C’est ainsi que trois romans d’écrivains venus d’ailleurs nous emmènent dans le sillage de conflits qui ont marqué la deuxième parie et la fin du XXème siècle.
Jérusalem. Téhéran. Kigali. Théâtres de guerre, de coups d’état, de massacres, mais aussi à l’intérieur de ces conflits, des histoires de familles, des destins d’enfants qui se construisent au milieu des rêves et des haines d’adultes, et, tel un remède, ce besoin d’écrire, de transmettre, de comprendre.

Jérusalem.

Fin des années cinquante. Dix ans après la guerre d’indépendance d’Israël, la ville est coupée en deux pas un mur. Shmuel, un jeune étudiant introverti et maladroit vient d’abandonner ses études et la thèse qu’il avait commencé à propos de Jésus dans la tradition juive. Il accepte un emploi dans la maison de Gershon Wald, un vieil homme impotent, étrange et bavard. Son rôle consiste à lui faire la conversation et lui servir régulièrement du thé. Wald partage la maison avec sa propriétaire, Atalia Abravanel, une femme d’une quarantaine d’années, qui exerce rapidement sur lui une forte attirance physique. Dans un huis-clos qui progresse au rythme des balades nocturnes de Shmuel dans Jérusalem et des monologues du vieil homme, on découvre peu à peu les raisons de ces enfermements volontaires. Roman initiatique, histoire d’amour, réflexions sur la figure du traître, sur la guerre, sur les relations entre juifs et chrétiens, et entre arabes et juifs, Judas, d’Amos Oz est le genre de roman qu’il faut laisser décanter comme un grand vin.

Téhéran.

Kimia y est née, comme ses deux soeurs. Toutes les trois ont du s’enfuir, avec leur mère, en voiture, à cheval, à pieds, à travers les montagnes qui séparent l’Iran de la Turquie. Leur père, Darius Sadr, est parti en France en éclaireur, pour échapper aux nouveaux maîtres du pays qui le détestent autant que les anciens. Désorientale, de Négar Djavadi, nous raconte l’histoire des Sadr sur plusieurs générations, et à travers cette famille, l’Histoire politique de l’Iran, du féodalisme à la royauté, de la mégalomanie de l’empire à la dictature islamique. Mais le fil rouge du récit, c’est le rôle et la place des filles et des femmes. Les grands-mères, les tantes, la mère, les soeurs, tous les personnages féminins dégagent une force particulière, une énergie qui es aide à s’extraire de la domination des hommes, ou à les sauver. Ecrit comme un labyrinthe, avec des histoires à tiroirs, c’est un roman qui symbolise la complexité de l’Orient. 

Kigali.

La mère, la grand-mère, les oncles de Gabriel. Tous rêvent d’y retourner un jour. Chassés par les conflits et les pogroms, ils ont trouvé refuge à Bujumbura dans le Burundi voisin. Pourtant, là aussi, la guerre va les rattraper. Gabriel ne comprend pas les haines des adultes qui l’entourent. Son père est français, sa mère est rwandaise, mais c’est une rwandaise tutsi, apprend-il un jour. Et les hutus détestent les tutsi. Gabriel ne comprend pas ces différences ethniques. Son monde se résume à son impasse, sa rue, les manguiers dont il décroche les fruits, le terrain vague où il joue avec sa bande de copains, la voisine grecque qui lui prête ses livres. Dans Petit Pays, Gaël Faye nous fait revivre la tragédie du génocide rwandais, à travers les yeux d’un enfant. La langue simple, émouvante, presque naïve, est un tel contraste avec la violence inouïe des faits qu’elle la rend insupportable. Un très beau texte.
Jérusalem. Téhéran. Kigali. Au coeur des conflits, lestés de l’histoire de leur famille, Shmuel, Kimia et Gabriel ont malgré tout une vie à inventer. Voilà à quoi sert la littérature !
Judas, Amos Oz, Gallimard, 352 pages.
Petit pays, Gaël Faye, Grasset, 224 pages.
Désorientale, Négar Djavadi, Liana Levi, 352 pages.

Cézanne et moi – amour ou amitié ?

Cézanne et Moi

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« Cézanne et Moi », c’est l’histoire de l’amitié indéfectible qui unit Paul Cézanne et Emile Zola depuis leur plus tendre enfance.

Ce film nous plonge dans une dimension méconnue de la vie de ces deux artistes qui ont tant marqué leur temps.

J’ai découvert cette histoire d’amitié indéfectible dont je ne savais rien. Une histoire d’amitié, qui, comme toutes les histoires d’amitié profondes ressemble si curieusement à une histoire d’amour, faites de ruptures et de réconciliations, de jalousies et de communion absolue.
J’ai aimé le côté intimiste qui tourne parfois au huis clos et qui permet aux personnages de se livrer.

Grâce à une certaine qualité d’image , ce film est parfois un voyage dans les tableaux de Manet, Pissaro, de ces peintres qui ont pris la peinture à bras le corps pour lui donner vie, la sortir, la faire respirer.
J’aurais aimé pourtant parfois que le « décor historique et artistique » soit un peu plus développé, j’aurais aimé mieux cerner l’environnement social et amical de Zola ainsi que ses engagements pour comprendre la profondeur de ce qui a séparées deux amis d’enfance au fil des ans, malgré leurs tentatives désespérées de maintenir leur lien.

J’aurais surtout aimé que le film aille au delà des fâcheries habituelles de toute histoire d’amitié qui se respecte. J’aurais aimé que ce film permette de mieux comprendre comment cette histoire d’amitié a nourri l’art et l’oeuvre de ces deux monuments.

Alors bien sur, Guillaume Gallienne est saisissant dans ce rôle qu’il habite totalement mais est-ce étonnant : c’est un très grand acteur, et en voilà une nouvelle preuve. Même dans un film tiède, il apporte son relief et son talent.
Guillaume Canet est lui aussi investi dans son interprétation de Zola.

Mais….

Alors oui,  voir ce film m’a clairement donné envie de retourner au musée voir les tableaux de Cézanne et surtout de relire L’œuvre de Zola, son œuvre entière et surtout le livre qui porte ce nom.

Et je sais que quand je verrai  le déjeuner sur l’herbe j’entendrai les voix de ces amis qui étaient de grands artistes mais aussi des jeunes gens de leur temps.

De là dire que ce film m’a laissé en mémoire autre chose que quelques images furtives, et une idée plus précise des contemporains du moment ….

A partir du 21 septembre 2016

Synopsis

Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloires, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil… Aujourd’hui Paul est peintre. Emile est écrivain. La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.

Toni Erdmann – le bonheur sans les Palmes

Toni Erdmann 

toni erdmann
toni erdmann

Bon d’accord, soyons indulgents avec le Jury cannois. 

D’abord je n’ai pas encore vu les films du palmarès, ils méritent sans doute leur récompense.

Ensuite, c’est vrai que ce Toni Erdmann a quelque chose de déroutant. On peut comprendre que les membres éminents du Jury, absorbés pendant des journées entières par des œuvres puissantes traitant des lourdes problématiques sociétales et géopolitiques de notre époque, soient passés à côté du thème un peu éculé du film de Maren Ade : le sens de la vie ! Un peu léger sans doute pour une Palme … 

Et puis tout de même, on rit beaucoup, et pas le genre de rire introverti et philosophique, plutôt un rire de blagues potaches, des lunettes avec des moustaches de chat, des perruques, des faux dentiers, je n’en dit pas plus pour ne pas gâcher le plaisir. Le degré de sollicitation des zygomatiques est sans doute trop élevé pour le standard du palmarès cannois.

Enfin surtout, ce film est un OVNI … ou un OCNI, objet cinématographique non identifié. Inclassable, « in-casable », ni drame ni comédie, ni conte philosophique ni satire sociale, un peu tout cela à la fois.

Quoi qu’il en soit, Georges Miller et ses acolytes n’ont pas apprécié et, ce faisant, ils ont peut être rendus un grand service au film de la réalisatrice allemande. Délesté du poids symbolique de la récompense cannoise, Tony Erdmann s’aborde avec légèreté, sans prétention, sans ce tampon « chef d’œuvre » qui impressionne.

On peut donc rire aux éclats, ou s’ennuyer, ou bien ressentir de la sympathie pour cette consultante brillante mais totalement perdue dans la vie, on peut trouver ce père inquiet ridicule ou magnifique, se laisser emporter dans ce tourbillon un peu délirant où l’on croise toute sorte de personnages frôlant la caricature, on peut s’interroger sur ce contraste entre ces gens réels si artificiels et la sincérité, la vérité que dégage celui qui se grime et se déguise. 

Peu importe finalement, parce qu’une fois sortis de la salle obscure, lentement, même inconsciemment, la petite question éculée s’installe. Qu’est-ce qui vaut la peine d’être vécu ?

Alors, on évacue un moment de son esprit les soi-disant grandes questions sociétales du jour, et on se dit que c’est bien quand un film nous parle de l’essentiel.

Article par c lui

Michel Houellebecq – Rester vivant

Rester vivant

Michel Houellebecq est au Palais de Tokyo.
Palais de Tokyo
Houellebecq Palais de Tokyo
Michel Houellebecq fait partie de ces artistes qui ne se contentent pas d’exceller dans un domaine. Seul l’art total l’intéresse. Après avoir été romancier, poète, auteur de chansons, essayiste, acteur, réalisateur de cinéma, le voici désormais photographe, plasticien, peintre, et finalement metteur en scène de ses obsessions.
Après avoir présenté ses bulletins de santé, ses radios du cerveau et autres examens biologiques à la Biennale de Zurich, c’est désormais au Palais de Tokyo que Houellebecq expose un pêle-mêle de créations, photographies, collages, montages, vidéos, installations, dans un parcours dont il a conçu le plan « comme il assemble entre eux les poèmes de ses recueils ou les séquences de ses films ».
On y retrouve naturellement les grandes thématiques de ses romans : les territoires périurbains et leur isolement, les grandes surfaces et les aires d’autoroutes, la nature tantôt hostile, tantôt bucolique, le corps des femmes, le tourisme de masse et ses dérives, une certaine fascination pour le côté noir et sinistre du monde, la passion très « shopenhaeuriène » pour les chiens, et surtout pour son chien Clément, le rêve ou la crainte eugéniste de la fabrication d’un homme nouveau …
Un point très positif : la mégalomanie de Houellebecq est telle qu’il n’a laissé à personne le soin de commenter son oeuvre, et surtout pas aux habituels commissaires d’exposition des musées d’art contemporain. Plutôt que de subir la prose absconse des analyses officielles, les visiteurs reçoivent une double page où l’on trouve des explications de Houellebecq lui-même pour chacune des salles de l’exposition. Et c’est plutôt clair, par exemple à propos de deux photos d’un centre commercial et d’un paysage : « Ce qui m’intéresse le plus ici est l’antagonisme entre le Leader Price et la nature, qui restera total. Alors que dans les pierres de Dordogne, il y aura fusion avec la nature ».
La question qui se pose à la sortie est celle de l’intérêt de cette exposition, de son rapport avec le reste de l’oeuvre de Houellebecq. Je ne sais pas ce que peut en penser un visiteur qui n’a pas lu ses romans. Sans doute est-ce une rencontre étrange, un peu dérangeante, dont on sort avec plus de questions que de réponses … et qui conduit soit à passer son chemin, soit à se plonger immédiatement dans « La possibilité d’une ile » ou dans « Particules élémentaires ». Autrement dit, plus Houellebecq veut s’éloigner de la case trop étroite de « romancier », plus son oeuvre semble l’y ramener. Le mythe de l’artiste total est sans doute un leurre. Michel Houellebecq-écrivain a placé la barre trop haut.
écrit par C lui
Rester vivant Palais de Tokyo
13 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris

Nuit Blanche 2016 – Paris au coeur

Nuit blanche 2016

Ce matin était présentée l’édition 2016 de l’évènement culturel parisien désormais mondialement connu : Nuit blanche. Il s’agira là de la 15ème édition de cet évènement devenu emblématique de la vie culturelle parisienne.

Nuit blanche 2016 - l'affiche
Nuit blanche 2016 – l’affiche

Pour cette édition, des symboles forts voulus par Jean de Loisy, le directeur artistique #NB2016, mais aussi président du Palais de Tokyo.

« Rassemblement, altérité, franchissement des ponts qui nous séparent » sont les mots prononcés ce matin lors de la conférence de presse de présentation.

Jean de Loisy est un conteur né. Il nous a donc guidé tout au long de ce parcours poétique du 1er octobre 2016. Ce parcours qui part du Paris médiéval pour se diriger vers le Paris modernes et s’achever dans le Paris de demain puisqu’il ira jusqu’au delà du périphérique vers le Grand Paris.

Un parcours d’émotions

Il s’agira avant tout d’une histoire, une histoire d’amour.
Un parcours d’émotions, de celles là même qui élargissent le coeur et l’esprit.

Parcours Nuit Blanche 2016
Parcours Nuit Blanche 2016

On découvrira entre autres un atelier des coeurs brisés, puis l’espoir, quelque part, de pouvoir les reconstruire.

Un parcours narratif

Le projet de cette année sera narratif. Comme pour toute histoire, il lui faut un héros : ce sera Poliphile qui partira à la poursuite de Polia, objet de tout son amour.
Il suivra ainsi Polia, et cette quête le fera passer par une large palette de sentiments et d’émotions qui iront de la peur à l’exaltation en passant par le doute ou encore la sensualité.

Ce récit commencera d’ailleurs une semaine avant la date clé du 1er octobre, et c’est l’écrivain Yannick Haenel qui fera naitre en chacun de nous le désir de la découverte par une nouvelle qu’il aura écrite, lui qui est un grand amoureux de Paris.

Un parcours au fil de l’eau

Cette promenade pourra être faite à pieds, emprunter aussi des transports parfois sur l’eau  pour suivre encore et toujours ces berges et ce fleuve qui sont le coeur de la capitale.

Ce récit commencera à la gare de Lyon, là où Abraham Poincheval s’installera au sommet d’un perchoir en bois durant une semaine entière, guettant ainsi l’arrivée de Poliphile.

L’eau au coeur du parcours, comme avec cette oeuvre d’Olivier Beer qui éclairera le pont des arts, passerelle géographique et de sentiments .

L’évènement Nuit blanche 2016 se concentrera presque exclusivement sur des oeuvres exposées en extérieur, évitant ainsi, on l’espère, des files d’attente comme nous les avons connues lors des éditions précédentes. Il fédérera des institutions multiples, telles que le théâtre du Châtelet, La Monnaie de Paris, ou encore le Petit Palais, ainsi que des fondations, tel que la fondation Hermès par exemple.

LA promesse de ce matin est alléchante, et Jean de Loisy a fait naitre de vraies attentes, ainsi qu’une certaine impatience vis à vis de cet évènement.

Le plus dur est donc à venir : il va falloir être à la hauteur !

Nuit Blanche 2016

Rendez-vous le samedi 1er octobre 2016