‘ 71- un film sur l’enfance perdue

’71 n’est pas un film sur l’Irlande du Nord bien qu’il se passe en Irlande du Nord.

71-le-trailer

 

Ce n’est pas un film sur ce que les anglais appellent pudiquement « les troubles » bien que toute l’histoire se déroule pendant ces événements tragiques du début des années soixante-dix.

Ce n’est pas non plus un film sur la guerre, même si la plupart des scènes sont des scènes de guerre. 71 n’est pas plus un film politique, ni un film sur l’intolérance religieuse, ni un film sur la violence même si cette violence y est brutale et omniprésente.

Non, ’71 est avant tout un film sur l’enfance.

Cette période bénie de bonheur et d’insouciance qui est désormais un droit reconnu par l’ONU. Dans certains endroits du monde, à certaines périodes, ce droit de vivre une enfance – pas forcément idyllique mais une enfance avec ses jeux d’enfants, ses cris d’enfants, ses amitiés d’enfants – ce droit est bafoué, refusé, piétiné. Les enfants sont jetés dans la guerre, utilisés, manipulés. Ils se prennent alors pour des adultes. Comme des adultes, ils manient des armes, comme des adultes ils apprennent à se battre et comme des adultes ils se mettent à haïr les enfants du camp d’en face.

Voilà le sujet de ce beau film.

Un sujet universel qui dépasse largement le théâtre des combats de Belfast. Un sujet bien traité, avec beaucoup de maîtrise, beaucoup de justesse. A travers l’improbable épopée d’un soldat britannique perdu au milieu de quartiers catholiques hostiles, Yann Demange nous emporte à l’intérieur de ces endroits maudits où on tue l’enfance.

écrit par C lui

Gainsbourg – vie héroïque

Non, il ne s’agit pas là d’une biographie de Serge Gainsbourg, mais plutôt d’une série de scènes de vie.

Et puis, un véritable parti pris artistique:  » sa gueule «  ! Sa voix intérieure, celle qui exprime à voix haute ce que se tripes lui soufflent ; celle qui est là, à côté de lui, depuis cette enfance faite de complexes et de douleurs liés à sa laideur. D’ailleurs, c’est par cette phrase que le film commence :

 » Est ce que je peux mettre ma main dans la tienne  » ?  » Non, tu es trop vilain « 

Et le ton est donné.

On le suit dans ses débuts, on survole son premier mariage, on le découvre ami de Boris Vian, allongés au milieu de la chaussée, attendant un taxi, au côté des Frères Jacques, et c’est  » le poinçonneur des Lilas  »

Et puis bien sur ses conquêtes, les histoires d’amour, et toutes les autres.

Bardot / Casta, époustouflante

Greco / Mouglalis et c’est la naissance de  » La Javanaise  »

et puis Jane

Jane auprès de qui il trouvera une période de répit, répudiant  » sa gueule «  qui ne lui est plus utile …, mais elle reviendra de plus belle pour ne plus jamais le quitter et l’accompagner jusqu’à la fin .

Gainsbourg, héroïque, je ne sais pas, mais profondément humain, certainement.

INVICTUS

Invictus est un poème de l’écrivain William Ernest Henley qui fut cité à de très nombreuses reprises dans la culture populaire et qui contribua à le rendre célèbre. C’est le poème auquel Nelson Mandela / Morgan Freeman fait réference tout au long du film .

Out of the night that covers me,
    Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
    For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
    I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
    My head is bloody, but unbow’d.

Beyond this place of wrath and tears
    Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
    Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
    How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
    I am the captain of my soul

Et pour la traduction, c’est LA !

Le film commence à la sortie de prison de Nelson Mandela , aborde son élection à la tête de l’Afrique du Sud, pour se concentrer sur cette année qui mena les Springboks à la victoire de la coupe du monde de Rugby en 1995.

Mais surtout, et avant tout, c’est un film qui décrit un personnage exceptionnel, un humain comme il en existe peu et dont la vie et la destinée redonnent foi en l’humanité. Un homme qui, comme il le dit lui même, sait que  » forgiveness liberates the soul  » . Un homme qui sait dépasser ses considérations personnelles pour une cause supérieure qu’est l’avenir d’une nation. On perçoit, dans chacun de ses choix, dans chacune de ses décisions, qu’il est animée par une force supérieure, qu’il sait que le temps est venu de pousser deux peuples à se dépasser pour n’en former qu’un seul .

Le film illustre parfaitement la façon dont le sport, le rugby en l’occurence, lui permet d’atteindre cet objectif.

Et c’est un très beau film, un film touchant, qui prend au ventre et fait briller les yeux.

Certes on ne nous montre pas du tout la situation économique et civile du pays pendant cette période ; il est vrai aussi que le scénario pêche parfois, en particulier concernant la relation entre Mandela et sa fille, vaguement abordée .

Mais l’émotion et le dépassement de soi sont partout et chez tous les protagonistes.

Ce qui frappe, c’est cette ressemblance frappante entre ce héros qu’est Nelson Mandela, et celui qui l’interprète, Morgan Freeman. Ce même regard, celui d’un homme qui connait la paix  intérieure, dénué de toute trace de haine ou de soif de vengeance ; le regard d’un homme qui veut contribuer à rendre le monde meilleur .

sans oublier Matt Damon qui campe parfaitement François Pienaar, le capitaine de l’équipe des Springboks de l’époque, un Afrikaner prêt à se remettre en question , et qui contribue à sa façon à la réunification de deux peuples dans son pays.

Alors, croyez moi, allez voir ce film ; on en ressort énergisé et plus optimiste pour l’avenir de l’humanité.