« Au pire je ferai de mon mieux « c’est ce que répond YSL aux journalistes qui l’interrogent quand il prend la direction artistique de Christian Dior au décès de ce dernier. Nous lui en serons éternellement reconnaissants, en tous cas moi !
Pour comprendre ce que j’ai pensé du film #YSL, il faut me connaître un peu.
Savoir que depuis toujours les défilés de YSL m’ont émue, bouleversée, émerveillée, comme aucun autre grand couturier ne l’a jamais fait. Savoir que j’ai versé quelques larmes lors de son dernier défilé, et définitivement été bouleversée (encore) à sa mort.
Pour comprendre que Pierre Niney est un des plus grand acteurs français du moment, il suffit de voir Pierre Niney jouer, ou plutôt incarner, habiter son personnage dans le biopic #YSL.
Le film commence par un gros plan sur ses épaules, son dos, penche sur une table de dessin, en Algérie. Ses longues mains graciles esquissent des croquis. Nous sommes en 1957, YSL commence sa carrière chez Christian Dior.
On voit Pierre Niney dans la peau d’Yves Saint Laurent jeune, très jeune, avant qu’il ne devienne celui qui a bouleversé les codes de la mode et la vie des femmes.
Mais très vite Pierre Niney disparaît et c’est Yves Matthieu Saint Laurent qui occupe l’espace et l’écran, et ce de son plus jeune âge jusqu’à ses années d’homme vieilli usé et malade.
Gestuelle, intonations, postures, il EST YvesSaint Laurent.
Bien sur il a expliqué lors de plusieurs interviews les longs mois de travail, les rencontres avec Pierre Bergé, bref, comment il est parti à la rencontre de celui qu’il allait interpréter. Un investissement personnel énorme, sans doute , un grand professionnalisme, surement, mais, surtout et par dessus tout, un talent hors norme.
Les images si connues de ce jeune homme sage qui deviendra un personnage sulfureux et controversé prennent vie, les photos s’animent, de celles de Pierre Boulat à celles de Jean Loup Sieff.
Et puis il y a les défiles : on revit là, à l’écran, ces merveilleuses découvertes admirées au fil des ans sur les écrans de télé et dans les magazines. Le papier glacé frémit et s’anime sous nos yeux, avec les vrais robes , celles conservées précieusement à la fondation YSL Bergé.
On vit l’effervescence des préparatifs dans les coulisses, on salue avec lui les parterres de journalistes émerveillés.
A la sortie de ce film, sentiments partagés.
Subjuguée : par le talent de Pierre Niney ( pour ceux qui ne l’auraient pas compris, je suis fan!)
Bouleversée : parce que, grâce aux talents de l’acteur, et la qualité des images liées aux défilés et ait arabe il de ce génie de la couture, j’ai revécu en concentré une carrière extraordinaire et surtout 40 ans de mode,de cette mode qui a évolué avec la société mais qui en a aussi accéléré les mouvements et les changements .
Déçue : par le film dans sa globalité. Le scénario s’efface totalement derrière la performance de Pierre Niney et les images de défilés. Les autres personnages n’ont ni corps ni de profondeur, et traversent l’écran comme en figuration . Seule Charlotte Le Bon est efficace dans son rôle de Victoire Doutreleaux , mannequin vedette, copine sexy et allumeuse.
Et pour conclure, je vous pose la question : pourquoi cette voix off ?
Une version cinématographique des sous titres pour mal entendants, ou plutôt l’espoir de la garantie que les sentiments que le film doit véhiculer seront bien compris ?
Donc, alors qu’habituellement c’est l’ambiance sonore ou encore les bruits des objets qui sont explicités, ce sont les sentiments qui nous sont expliqués ….
Musique romantique … Oui, nous l’aurons compris, l’émotion de l’amour naissant est forte et palpable
Bruit de vase brisé …. Ah, là cela ne va plus trop bien !
YSL se fait quelques rails … Donc, on l’aura compris, il bascule dans l’excès et la luxure !
Voilà une des dernières images du dernier défilé d’Yves Saint Laurent, quand, une fois encore, la dernière, il avance sur le podium. Le film aurait du lui aussi se terminer sur cette prise de vue extraordinaire, bien plus saisissante que les derniers mots de Pierre Bergé / Guillaume Gallienne.