Luchini est au théâtre de l’Atelier

Il entre en scène, et commence par :  » j’éprouve une douce mélancolie …  » et le voilà lancé.

 Avec lui on découvre, ou redécouvre, Nietzsche, son approche de la mort, et , à petits pas, il nous guide vers La Fontaine . Le ton est assez solennel, l’artiste maîtrise ses textes . 

Mais c’est quand il nous interpelle, et commence à mêler grands textes et notes d’humour personnel,  que la salle est conquise.

On rit quand il moque ces parents s’une petite fille de 8 ans qui préfèrent lui faire découvrir Nietzshe, Céline ou encore La Fontaine un dimanche après midi plutôt que d’alller à Eurodisney ..

On rit quand il suppose qu’ils sont abonnés à Telerama, et qu’ils habitent surement dans le VIIème arondissement …   » là où l’on comprend les vrais problématiques de la société d’aujourd’hui  » .

Les mots sont pour lui l’arme absolue, tout en étant plus doux et jouissifs que la plus belle des histoires d’amour .

Il s’autorise des improvisations, nous offrant au passage un texte de Baudelaire, imite Johnny, et parvient à faire entonner à la salle entière  » Mammy blues  »

Comme les mots sont beaux … En cadeau, un poème de Victor Hugo, extrait de son spectacle, et autre de La Fontaine ….

Vous ne lirez plus jamais ces poèmes de la même manière quand vous en aurez entendu son analyse !

 

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites de Victor HUGO

 

 

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
– Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle ! –
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l’individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face,
Dit : – Me voilà ! je sors de la bouche d’un tel. –

Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.

 

 

 

Les femmes et le secret de La Fontaine

Rien ne pèse tant qu’un secret
Le porter loin est difficile aux Dames :
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d’hommes qui sont femmes.
Pour éprouver la sienne un mari s’écria
La nuit étant près d’elle : O dieux ! qu’est-ce cela ?
Je n’en puis plus ; on me déchire ;
Quoi j’accouche d’un oeuf ! – D’un oeuf ? – Oui, le voilà
Frais et nouveau pondu. Gardez bien de le dire :
On m’appellerait poule. Enfin n’en parlez pas.
La femme neuve sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.
Mais ce serment s’évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L’épouse indiscrète et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé :
Et de courir chez sa voisine.
Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé :
N’en dites rien surtout, car vous me feriez battre.
Mon mari vient de pondre un oeuf gros comme quatre.
Au nom de Dieu gardez-vous bien
D’aller publier ce mystère.
– Vous moquez-vous ? dit l’autre : Ah ! vous ne savez guère
Quelle je suis. Allez, ne craignez rien.
La femme du pondeur s’en retourne chez elle.
L’autre grille déjà de conter la nouvelle :
Elle va la répandre en plus de dix endroits.
Au lieu d’un oeuf elle en dit trois.
Ce n’est pas encore tout, car une autre commère
En dit quatre, et raconte à l’oreille le fait,
Précaution peu nécessaire,
Car ce n’était plus un secret.
Comme le nombre d’oeufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d’un cent.

N’hésitez pas un instant, courrez-y !

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Rendez-vous sur Hellocoton !

Partager

Culture

Vous aimerez aussi...

5 Comments

  1. 1
  2. 2
  3. 3
  4. 4

    Tu prêches une convaincue et j’espère bien voir ce spectacle aussi ! Quand on sort de ses lectures tellement personnelles et intelligentes, si on ne connaissait pas l’auteur eh bien on a l’impression de l’avoir lu et on a envie de le lire ! ou de le relire !

    Oh la la, cette affiche me tente !!!

  5. 5

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Champs requis *

Vous pouvez utiliser les balises HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>