Théâtre du Rond Point – le bonheur du théâtre
La maison d’os, ou quand le théâtre nous donne ce qu’il a de plus fort et de plus vibrant.
Le maître de la maison est un vieil homme aux cheveux blancs, avec une longue robe de chambre et des charentaises, un vieil homme dont l’esprit se balance, incertain, entre ses souvenirs et ce qu’il lui reste de désir.
Il est temps de mourir lui disent les valets, d’accord semble répondre le maître, mais que va devenir la maison quand je ne serai plus là pour l’habiter ? Qui va regarder vers le haut des escaliers, le toit, la coupole, le ciel au-dessus ? Que vont devenir surtout ces habitants fantômes, ce morceau de bois qui lui rappelle sa femme, les animaux empaillés, les sons qui sortent du magnétophone et les ombres sur les murs ?
Le maître s’agite, rappelle ses souvenirs à la rescousse, et puis il s’endort. Alors la maison s’agite. Les quatre valets sont les jouets du sommeil du maître. Il y a la blanchisseuse, la cuisinier, le chauffeur et le chef des valets, celui qui aide à penser. La maison n’est pas toujours très bien tenue, quelquefois les valets se rebellent, à d´autres moments ils se disputent, ou se perdent dans la confusion.
La maison n’est pas triste et son maître non plus, il y a de la musique, de la danse, du champagne et des confettis, mais la maison s’écroule de l’intérieur, elle craque et la poussière recouvre peu à peu les choses, les murs, les habitants.
Le médecin passe, sans conviction, pas plus que le prêtre d’ailleurs.
Avant de partir, le maître voudrait voir la maison de l’intérieur, comprendre l’unité de son être qui va disparaître. Mais on n’accède jamais vraiment à son intériorité.
Les valets vident les sacs de chaussures, que de chemins parcourus, et puis les sacs d’os. Le maître n’est plus, les valets vont quitter la maison.
Très beau texte. Mise en scène joyeuse et efficace. Acteurs remarquables, avec un Pierre Richard dont on regrette qu’il ait perdu tant de temps avant de découvrir son propre talent !
rédacteur pour The Parisienne : C lui
La pièce ne se jouant plus à Paris depuis samedi , il ne vous reste qu’à aller la voir dans une des villes de sa tournée en province.
Une pièce de Roland Dubillard, mise en scène Anne-Laure Liégeois, avec Sharif Andoura, Sébastien Bravard, Olivier Dutilloy, Agnès Pontier, Pierre Richard.
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris