Irving Penn au Grand Palais – photographe et artiste
Connu pour ses célèbres photos de mode ainsi que sa très longue collaboration avec le magazine Vogue, on découvre ici un Irving Penn sculpteur, dessinateur, artiste.
La maitrise des volumes et de la lumière en particulier sont particulièrement prégnants dans ses photos, qu’il s’agisse de portraits de mode ou de portraits des métiers de rue.
Cette exposition nous fait pénétrer dans son univers artistique, avec bien sur un focus sur sa période Vogue, qui lui a permis de découvrir d’autres univers, d’explorer d’autres pistes artistiques, tout en gardant une signature extrêment reconnaissable.
La première salle crée la rencontre avec une de ses facettes méconnues. On y découvre ses matures mortes, ainsi que ses premières photographies de rue. Des traces de vie parfaitement scénaristes et dont les humains ont disparu.
Viennent ensuite les « corner portraits » de 1947. Des portraits de célébrités du moment qui ont tous un point commun : une mise en scène unique, dans un angle aigu qui pousse le modèle à s’approprier un espace inconnu.
Et les résultats sont saisissants : chacun y livre une facette de son intime. Le résultat est une collection de portraits remarquable. Ici déjà, c’est Vogue qui est à l’initiative de la demande, et Vogue qui permet à Irving Penn d’exprimer son talent.
Puis très rapidement on rentre dans la période centrale de la carrière d’Irving Penn.
Irving Penn – la période VOGUE
Vogue toujours, et la mode au coeur. Irving Penn a à son actif 165 couvertures du célèbre magazine de mode.
Dans son travail avec les mannequins, il est d’une rigueur absolue et on reconnait l’oeil du sculpteur dans ces plissés parfaitement disposés, ici sur Lisa Fonssagrives, qui deviendra sa femme.
Pour ce portrait, il utilise un ancien rideau de théâtre qui deviendra sa signature, présent tout au long de son oeuvre.
Grâce à Vogue toujours, il voyage. C’est au Pérou en 1948 qu’il réalise des photos de mode, sa première commande en extérieur, puis des portraits pris à Cuzco de locaux.
Des portraits scénarisés, tirés en noir et blanc, volontairement, et toujours avec ce fameux rideau de théâtre.
Une fois encore, la série fut publiée dans le Vogue.
Mêmes techniques, même décor, Irving Penn décline son mode opératoire de prise de portraits de la mode à la vraie vie.
Question : en s’enfermant dans ce cadre figé n’enlève-t-il pas la vie à ses portraits, et donc à ses modèles ?
Et cette question vaut d’autant plus pour les séries de portraits qui suivront en 1950. Alors qu’il est à Paris, toujours pour la mode, il fait venir dans son studio les petits métiers qu’il va chercher dans le quartier de Mouffetard où se trouve son studio.
On évoque l’influence des photos de petits métiers d’Atget. Sauf que ces derniers reflètent la vie, mettent les personnages en scène dans leur cadre quotidien, contrairement à ceux de Penn qui sont à mon goût désincarnés, froids.
Irving Penn – après VOGUE
En 1963 la nouvelle rédactrice en chef de VOGUE n’adhère pas à l’oeuvre d’Irving Penn et lui préfère Richard Avedon.
Penn se lance dans des photos à vocation plus artistiques, explore de nouvelles techniques.
Il tente le nu, sans approcher la qualité de ce champ photographique dont Lucien Clergue est le roi !
Ou encore explore des images de cigarettes en testant de nouvelles techniques de développement.
Viennent ensuite les natures mortes tardives, que je n’ai pas immortalisées. Et c’est avec plaisir que j’ai retrouvé les « moments du passé », la dernière salle qui rassemble des portraits pris par l’artiste tout au long de sa carrière !
Ironie du sort, un de ces portraits est celui du photographe Richard Avedon, qui avait pris la place d’Irving Penn chez Vogue !
Et je finirai sur ce que, à mon sens, Irving Penn savait faire au mieux : les portraits de célébrités.
Irving PENN Grand Palais 3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
Du 21 septembre 2017 au 28 janvier 2018
Très tentante cette expo ! Bises !
Surtout n’essaies pas d’aller la voir le weekend, même avec des billets prereservés 🙂