La dernière bande – au théâtre de l’Oeuvre

La dernière bande…
Je ne sais pas.

La Derniere Bande
La Derniere Bande

La dernière bande est une pièce de Samuel Beckett, pièce courte puisqu’elle ne dure qu’une heure à peine, et qui, de ce que j’en ai lu ici et là, est habituellement jouée en combo avec une ou plusieurs autres pièces courtes du même auteur.

Au théâtre de l’Oeuvre, elle se joue en solo, comme l’acteur, seul sur scène : Jacques Weber.

Un homme, âgé, qui n’est plus que l’ombre clownesque de lui même, revient sur sa vie, se remémore les années écoulées, et fait en passant le constat de sa solitude.

Alors je ne sais pas…

Je ne sais pas s’il faut s’enthousiasmer devant le jeu de l’acteur qui finalement est plutôt une performance de mime, la plus grande partie du texte étant enregistrée, par l’artiste certes.
Je ne sais pas que penser. Faut-il saluer le bel effort sur une pièce difficile telle que celle ci ?

Je ne sais pas non plus que penser de la mise en scène, basée sur cette alternance de mimiques et gestuelle marquées que viennent compléter ces bandes enregistrées qui ont donné son titre à la pièce ?

Et que dire du décor, minimaliste s’il en est ? Ou encore du jeu de scène axé sur une banane, et ce, à deux reprises ?

Comme dans toutes ses pièces Jacques Weber finit vidé, éreinté parce qu’il a tout donné.

Comme dans toutes ses performances en solitaire il finit trempé, dégoulinant de tout son corps.
Comme pour toutes des pièces certains spectateurs applaudissent à tout rompre.

Mais est-ce que dans toutes ses performances précédentes aussi des spectateurs se sont endormis, moi un peu, mais je vais mettre ça sur le dos du décalage horaire, mais aussi mon voisin, qui, lui, à ce que je sache, n’était pas dans mon avion deux jours avant !

Il ne me reste plus qu’à vous dire que je ne vous en dirai pas plus.

Enfin si : je ne pense pas que je retournerai voir Jacques Weber seul sur scène. J’attendrai qu’il recommence à faire du théâtre avec les autres plutôt qu’avec lui même.

La dernière bande – de Samuel Beckett
mise en scène de Peter Stein
avec Jacques Weber

A partir du 19 avril ….

Théâtre de l’Oeuvre  55 Rue de Clichy, 75009 Paris Téléphone :01 44 53 88 88

Note pour moi même
Aller au théâtre deux jours après un voyage et 6 heures de décalage horaire nuit à la concentration nécessaire pour vraiment apprécier un monologue mimé et enregistré, même s’il ne dure qu’une heure

 

Jacques Weber est Flaubert au Théâtre de l’ Atelier

EDIT : la dernière représentation se déroulera le 25 juillet 2015
Jacques Weber rentre dans la peau de Gustave Flaubert durant tout l’été.
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On avait quitté Jacques Weber il y a quelques mois dans « Hotel Europe » de Bernard Henri-Lévy, dans la peau d’un écrivain/philosophe éructant maladroitement contre la bêtise de ce monde.
Le re-voici prêtant sa voix et son corps massif à un autre écrivain, l’auteur de Salambô et de L’éducation sentimentale, Gustave Flaubert.
Et cette fois, on y croit tout à fait. L’ermite normand, enfermé dans son manoir, obsédé par sa production romanesque, refusant de se rendre à Paris où sa bien-aimée Louise le somme pourtant de se rendre, ne s’offrant que de rares escapades à Rouen pour rendre visite « aux filles », il semble bien nous faire face, là sur la scène du théâtre de l’Atelier.
Flaubert a écrit bien plus de lettres que de livres. Quelques romans seulement et des centaines de missives, à Louise bien sûr, mais aussi à des lectrices, des admiratrices, à ses collègues écrivains, à son amie Georges Sand, et à beaucoup d’autres. C’est donc naturellement dans cette abondante correspondance qu’a puisé Arnaud Bedouet pour dessiner le portait de l’auteur.
En fait de portrait, c’est plutôt une longue complainte. Gustave n’a plus foi en grand chose, en dehors de son art et de son talent. Les attentes des femmes vis-à-vis de l’amour l’exaspèrent. « L’amour après tout n’est qu’un curiosité supérieure, un appétit de l’inconnu qui vous pousse dans l’orage, poitrine ouverte en tête en avant ». Les honneurs le rebutent. S’il rêve de se voir élire à l’Académie Française, ce n’est que pour imaginer un tonitruant discours de refus. « Nos gouvernants sont des dindons qui passent pour des aigles et font la roue comme des paons. » La société toute entière ne trouve plus grâce à ses yeux, et encore moins le système politique qu’il a vu osciller toute sa vie de la monarchie à la démocratie, en passant par la dictature et le chaos. « Tout le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. »
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Jacques Weber interprète Gustave avec le brio qu’on lui connait. On peut simplement avoir un regret. Weber ne se complait-il pas dans la facilité de ces one man show ? On aurait envie de voir l’acteur donner la réplique, rejouer dans Cyrano ou dans Don Juan. Un acteur solitaire, fut-il un immense acteur, risque à la longue de prendre trop de place et de n’en laisser que trop peu à ses personnages.
Article écrit par C Lui
photos par Kim Weber
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
RÉSERVATIONS : 01 46 06 49 24