Richard Bohringer – théâtre de l’Atelier

Richard Bohringer n’est plus en colère

Seul sur scène, il nous guide dans les méandres de sa mémoire.

Bohringer
Des épisodes de sa vie, des images de temps passés, révolus, de sa jeunesse, de ses errances.

Entre les textes qu’il a lui même écrits, c’est à nous qu’il s’adresse. Et là on le découvre drôle, sensible.
Il parle, raconte, il se livre même, fragile et sensible.

Puis il replonge dans un texte écrit, le voyage continue, de l’alcool aux amis,  aux galères et aux rencontres, une vie qui se déroule.
Mais surtout, il est comme apaisé, comme si les obstacles nombreux et compliqués qu’il a franchis lui avaient donné cette force rare d’apprécier chaque instant de la vie.

Il est drôle, sensible et tendre.

Tendre quand il parle de sa fille avec qui il a pris tant de plaisir à jouer sur cette même scène, se garantissant ainsi comme il le dit, de la voir chaque jour, soir après soir.

On vit là un de ces moments de sincérité absolue comme le théâtre en offre parfois, quand l’amour et le cœur de l’artiste débordent de la scène pour éclabousser le publique tout entier.

Cette salle devrait être remplie chaque soir, soir après soir, pour les 30 représentations programmées.

Alors ne manquez pas cette superbe performance d’un homme seul sur scène, un grand acteur si familier qu’on ne connaissait peut-être pas vraiment et qui nous livre son âme.

Quitte à prendre, comme il le dit lui-même, des billets  » Tic-tac »!

Traine pas trop sous la pluie

du mardi au samedi à 19h00
Théâtre de l’atelier 1 place Charles Dullin 75018 paris

Jacques Weber est Flaubert au Théâtre de l’ Atelier

EDIT : la dernière représentation se déroulera le 25 juillet 2015
Jacques Weber rentre dans la peau de Gustave Flaubert durant tout l’été.
Weber1
On avait quitté Jacques Weber il y a quelques mois dans « Hotel Europe » de Bernard Henri-Lévy, dans la peau d’un écrivain/philosophe éructant maladroitement contre la bêtise de ce monde.
Le re-voici prêtant sa voix et son corps massif à un autre écrivain, l’auteur de Salambô et de L’éducation sentimentale, Gustave Flaubert.
Et cette fois, on y croit tout à fait. L’ermite normand, enfermé dans son manoir, obsédé par sa production romanesque, refusant de se rendre à Paris où sa bien-aimée Louise le somme pourtant de se rendre, ne s’offrant que de rares escapades à Rouen pour rendre visite « aux filles », il semble bien nous faire face, là sur la scène du théâtre de l’Atelier.
Flaubert a écrit bien plus de lettres que de livres. Quelques romans seulement et des centaines de missives, à Louise bien sûr, mais aussi à des lectrices, des admiratrices, à ses collègues écrivains, à son amie Georges Sand, et à beaucoup d’autres. C’est donc naturellement dans cette abondante correspondance qu’a puisé Arnaud Bedouet pour dessiner le portait de l’auteur.
En fait de portrait, c’est plutôt une longue complainte. Gustave n’a plus foi en grand chose, en dehors de son art et de son talent. Les attentes des femmes vis-à-vis de l’amour l’exaspèrent. « L’amour après tout n’est qu’un curiosité supérieure, un appétit de l’inconnu qui vous pousse dans l’orage, poitrine ouverte en tête en avant ». Les honneurs le rebutent. S’il rêve de se voir élire à l’Académie Française, ce n’est que pour imaginer un tonitruant discours de refus. « Nos gouvernants sont des dindons qui passent pour des aigles et font la roue comme des paons. » La société toute entière ne trouve plus grâce à ses yeux, et encore moins le système politique qu’il a vu osciller toute sa vie de la monarchie à la démocratie, en passant par la dictature et le chaos. « Tout le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. »
Weber2
Jacques Weber interprète Gustave avec le brio qu’on lui connait. On peut simplement avoir un regret. Weber ne se complait-il pas dans la facilité de ces one man show ? On aurait envie de voir l’acteur donner la réplique, rejouer dans Cyrano ou dans Don Juan. Un acteur solitaire, fut-il un immense acteur, risque à la longue de prendre trop de place et de n’en laisser que trop peu à ses personnages.
Article écrit par C Lui
photos par Kim Weber
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
RÉSERVATIONS : 01 46 06 49 24