Sophie Marceau – théâtre du rond Point – pourquoi je la déteste !

Sophie Marceau incarne tout ce qui a bercé mon adolescence. « La boum » est un des films gravés dans ma mémoire, comme l’est la baguette tartinée de vache qui rit au goûter, ou encore le petit pain au lait avec sa barre de chocolat que je m’achetais à la boulangerie. Mais je m’égare …

Depuis sa première apparition à l’écran elle a réussi ce tour de force qui fut de conquérir le public féminin comme le public masculin, avec son sourire craquant associé à son côté  » je pourrais être ta meilleure copine « .

Mais elle ne s’est pas arrêtée là, non ,non !

Personnellement je l’avais un peu perdue de vue , pour la recroiser, plus belle et envoutante que jamais dans  » Anthony Zimmer  » , et plus récemment encore, dans LOL, où j’ai pleuré pendant une bonne moitié du film parce que, une fois de plus, elle me racontait ma vie !

Bon, bien sur, même l’atrice la plus sympathique et la plus attachante n’est pas à l’abri d’une erreur de parcours, et ce fut son cas avec  » l’Age de raison  » … Passons !

 

Mais la revoilà, et sur scène cette fois ! Au théâtre du Rond Point, dans la pièce d’Ingmar Bergman :

 » Une histoire d’âme « 

Et là, je dis non ! Parce que, bien passer sur grand écran, plus d’une le fait, mais captiver un public en live, et de surcroit sur un texte aussi ambitieux que celui-ci, là, ce n’est pas donné à tout le monde !

Et bien elle y est parvenue ! Et là, la coupe est pleine ! Je la déteste !

Belle, rayonnante, elle occupe la scène et habite son personnage, complètement, parfaitement … Elle, ou plutôt son personnage, Viktoria, parle à nos angoisses les plus profondes, celles que l’on enfouit parfois pour ne pas être confronté à l’absence de réponse .

quand Viktoria nous dit qu’elle aurait pu être actrice et tant donner aux autres, on a envie de lui dire merci, de lui dire qu’elle n’a pas à s’inquiéer, puisque c’est déjà fait !

 » Pourquoi tout est devenu si compliqué  » s’interroge Viktoria … que les quarantenaires qui ne se sont jamais posé cette question lèvent la main !

Mais Sophie Marceau sera toujours Sophie Marceau … 

Elle nous fait quand même le coup de Cannes, ou presque … Quand elle se penche et que l’on devine une poitrine superbe et sans artifice …. Je la hais !

Elle interprète si magnifiquement qu’on en oublierait presque a quel point elle est belle … Figurez vous qu’elle chante aussi ! Si, si ! Plutôt bien ! Et avec tant de sensualité dans la voix, comme dans la posture … Je l’éxècre !

C’est donc dit :

je la hais ! Qu’on ne me parle plus d’elle, jamais !

Parce que, quand on est confronté à une telle palette de qualités,  que nous reste-t-il donc, à nous, les femmes ordinaires ?

Je vous pose la question !

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Francis Huster seul en scène – La Peste au théâtre des Mathurins

Une salle pleine à craquer, un décor spartiate, un banc …

Il rentre en scène seul, et voilà que soudain ils sont deux, et le dialogue s’installe, entre le protagoniste, Docteur Rieux, et son concierge, M.Michel, les deux étant interprété par ce seul et même acteur qui, tout au long de la pièce revêtira  prendra les traits de tous les protagonistes du livre, et leurs intonations , celles de notables locaux, de femmes en détresse ou encore de journaliste indécis.

L’atmosphère de l’étranger est perceptible dans la chaleur etouffante de la ville, les drames qui se trament derrière des persiennes à moitié entrouverts

Mais ce qui domine et captive, c’est avant tout le superbe texte de Camus. Un texte qui décortique bien sur la progression d’un mal que personne ne souhaite voir ou reconnaitre, mais aussi un texte qui analyse la difficulté de vivre, tout simplement, d’être fidèle à ses valeurs, de penser aux autres au moins autant qu’à soi .

Francis Huster investit les personnages, les incarne, passe de l’un à l’autre avec une énergie rare.

Il court, parle, crie, prend des poses et reparts de plus belle . Sans aucun doute une grande perfomance d’artiste qui n’a laissé personne indifférent dans la salle ….

Et pourtant … Et pourtant , il m’a perdue en route; il m’a perdue quand, plutôt que d’adapter chaque intonation et posture à chaque personnage, il a pris le parti de ne garder quasiment que deux intonations : celle du Dr Rieux, et puis celle des autres . Et puis il s’égosille, encore et encore, et il me perd définitivement.

L’expérience théâtrale pour moi, doit être sublime ou ne pas être .

Je sais, il s’agit là d’une affirmation extrêmement catégorique … Mais c’est ce que j’ai ressenti ce jour là !

Allez-y, et dites moi ce que vous en avez pensé … Vous avec du 23 octobre au 18 décembre, grâce aux prolongations !

 

THÉÂTRE DES MATHURINS

36 rue des Mathurins
75008 PARIS

http://www.theatredesmathurins.com/ 

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Vite, vite, vite .. C’est la rentrée ! Expositions et évènements à ne pas manquer !

La rentrée .. Grisaille et désespoir, ou occasion unique de se replonger dans la vie culturelle trépidante et unique de Paris ? J’opte pour le deuxième choix !

Et je vous propose donc un échantillon des évènements qui nous attendent …

 Alors, vous me suivez ?

Septembre : respirer, garder le contact avec son corps déjà enfoui dans ses lainages et manteaux .. comment ? en dansant dans la nef du Grand Palais !

Du 23 au 25 septembre, un évènement exceptionnel autour de la danse orchestré par Blanca Li ! A ne pas manquer !

 

Septembre : l’occasion de profiter des derniers beaux jours pour apprécier la 3ème édition de Photoquai au musée du quai Branly, du 13 septembre au 11 novembre !

Sans oublier les journées du patrimoine, intitulées cette année  » voyage du patrimoine », les 17 et 18 septembre.

Une occasion unique de découvrir des lieux non moins uniques et exceptionnellement ouverts au public !

 

Ensuite , il faut veiller à son niveau de magnésium dans le sang … Nous ne voudrions pas de coup de fatigue suite à un manque de chocolat !

Je vous propose donc le Salon du Chocolat, du 20 au 24 octobre, porte de Versailles !

Et pour gagner des places, un sondage en ligne sur Plurielles.fr, avec des kilos de Leonidas et des places pour le Salon du Chocolat à gagner .

Rendez-vous sur Plurielles.fr pour déterminer votre gourmandise et gagner des kilos de chocolats !

Puis, après le bien être du corps, celui de l’esprit !

Et c’est donc la FIAC qui s’installe à PARIS pour vous surprendre et vous interpeler, du Grand Palais au jardin des Tuileries en passant par les galeries de la FIAC off !

du 20 au 23 octobre : http://www.fiac.com/

Si ce que vous aimez par dessus tout c’est déambuler dans les rues et partir à la découverte d’un quartier, alors ce sont les « portes ouvertes  » qui sont pour vous !

Celles des Abbesses … du 18 au 20 novembre

 http://www.anversauxabbesses.fr/

ou encore la cité Montmartre aux artistes qui vous ouvre ses portes :

 http://www.montmartre-aux-artistes.org/

 Parce que la rentrée parisienne nous propose toujours des évènements théatraux uniques, je vous propose de réserver d’ores et déjà vos dates pour …

Diplomatie au Théatre de La Madeleine .. Souvenez vous, je vous en parlais déjà il n’y a pas si longtemps  !

Et puis , au théâtre du Rond Point : Sophie Marceau dans Histoire d’âme …

Voilà … Tentés par ce premier échantillon ?

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Luchini est au théâtre de l’Atelier

Il entre en scène, et commence par :  » j’éprouve une douce mélancolie …  » et le voilà lancé.

 Avec lui on découvre, ou redécouvre, Nietzsche, son approche de la mort, et , à petits pas, il nous guide vers La Fontaine . Le ton est assez solennel, l’artiste maîtrise ses textes . 

Mais c’est quand il nous interpelle, et commence à mêler grands textes et notes d’humour personnel,  que la salle est conquise.

On rit quand il moque ces parents s’une petite fille de 8 ans qui préfèrent lui faire découvrir Nietzshe, Céline ou encore La Fontaine un dimanche après midi plutôt que d’alller à Eurodisney ..

On rit quand il suppose qu’ils sont abonnés à Telerama, et qu’ils habitent surement dans le VIIème arondissement …   » là où l’on comprend les vrais problématiques de la société d’aujourd’hui  » .

Les mots sont pour lui l’arme absolue, tout en étant plus doux et jouissifs que la plus belle des histoires d’amour .

Il s’autorise des improvisations, nous offrant au passage un texte de Baudelaire, imite Johnny, et parvient à faire entonner à la salle entière  » Mammy blues  »

Comme les mots sont beaux … En cadeau, un poème de Victor Hugo, extrait de son spectacle, et autre de La Fontaine ….

Vous ne lirez plus jamais ces poèmes de la même manière quand vous en aurez entendu son analyse !

 

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites de Victor HUGO

 

 

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
– Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle ! –
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l’individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face,
Dit : – Me voilà ! je sors de la bouche d’un tel. –

Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.

 

 

 

Les femmes et le secret de La Fontaine

Rien ne pèse tant qu’un secret
Le porter loin est difficile aux Dames :
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d’hommes qui sont femmes.
Pour éprouver la sienne un mari s’écria
La nuit étant près d’elle : O dieux ! qu’est-ce cela ?
Je n’en puis plus ; on me déchire ;
Quoi j’accouche d’un oeuf ! – D’un oeuf ? – Oui, le voilà
Frais et nouveau pondu. Gardez bien de le dire :
On m’appellerait poule. Enfin n’en parlez pas.
La femme neuve sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.
Mais ce serment s’évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L’épouse indiscrète et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé :
Et de courir chez sa voisine.
Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé :
N’en dites rien surtout, car vous me feriez battre.
Mon mari vient de pondre un oeuf gros comme quatre.
Au nom de Dieu gardez-vous bien
D’aller publier ce mystère.
– Vous moquez-vous ? dit l’autre : Ah ! vous ne savez guère
Quelle je suis. Allez, ne craignez rien.
La femme du pondeur s’en retourne chez elle.
L’autre grille déjà de conter la nouvelle :
Elle va la répandre en plus de dix endroits.
Au lieu d’un oeuf elle en dit trois.
Ce n’est pas encore tout, car une autre commère
En dit quatre, et raconte à l’oreille le fait,
Précaution peu nécessaire,
Car ce n’était plus un secret.
Comme le nombre d’oeufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d’un cent.

N’hésitez pas un instant, courrez-y !

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

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Jules et Marcel – théâtre Marigny

Jules … Raimu et Marcel … Pagnol

Théâtre Marigny

du 21 septembre au 31 décembre 2010

Carré Marigny 75008 paris
01 53 96 70 30

Deux monstres du théâtre et du cinéma français, qui n’auraient sans doute été rien sans l’autre, ou pas grand chose !

La pièce retrace leurs échanges épistolaires, en ce temps ou mail et Internet n’existaient pas encore, même dans les cerveaux des esprits les plus fous, et où papier et plume faisaient encore bon ménage.

Les voici donc qui se taquinent, s’invectivent, se fâchent et se réconcilient tour à tour … Et toute  leur filmographie commune défile ainsi sous nos yeux au travers de ceux qui les intèrprètent pour nous.

Michel Galabru est Raimu, quand Philippe Caubère est Pagnol.

L’histoire donc de ces deux fortes têtes qui, dès leur première rencontre et jusqu’à la fin de leurs vies partagèrent une histoire mêlée d’amour , de passion et de coups de gueules !

Et Galabru et Caubère dans cette histoire ? Sont-ils à la hauteur de ceux dont ils relatent l’existence ? De ces personnalités si fortes et hautes en couleur ?

A vrai dire, je n’avais jamais vu ni l’un ni l’autre sur scène : quant à Galabru, j’avoue que ses prestations cinématographiques ne m’ont jamais vraiment convaincu : toujours dans l’exagération, systématiquement ce registre fait d’accent du sud et de mimiques si demesurées sur grand écran … Oui mais voilà, sur scène , et particulièrement dans ce rôle savoureux , Galabru prend une toute autre dimension … Il occupe la scène et l’espace, et l’on se retrouve pendu à ses lèvres. Il habite son personnage, et disparait derrière Raimu qui est là, avec nous …

Seulement voilà, Philippe Caubert, acteur de théâtre expérimenté, lui, n’est pas à la hauteur …

Il essaie, se démène, et pourtant, à aucun moment ne donne vraiment vie à son Pagnol .

Oui mais voilà, le théâtre n’autorise pas ce genre de désequilibre , le théâtre ne tolère pas l’imperfection d’un des acteurs, encore moins quand ils ne sont que deux sur scène. Alors la mayonnaise ne prend pas, et rien n’y fait, la pièce se termine , et je suis restée sur ma faim … contente cependant d’avoir vu Galabru sur scène , la vraie bonne surprise de cette soirée !

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Le prénom – Patrick Bruel

au commencement était  … le prénom

Une plaisanterie quasi innocente, un repas de famille, et soudainement les mots prennent le dessus , les hommes perdent le contrôle, et les vannes s’ouvrent, et des vérités que personne n’avait prévu de livrer jaillissent .

 » Le prénom «  : une pièce sur la famille, les amis, les rancoeurs et les secrets, ceux qu’on garde pour soi et qui finissent par surgir au moment où on ne les attend pas.

Un frère, Vincent,  et une soeur, Elisabeth. Le meilleur ami de Vincent , qui se trouve être le mari d’Elisabeth. Et puis il y a Claude, l’ami de toujours. Enfin, la femme de Vincent, enceinte.

Un diner entre amis qui échappe à ses convives et qui marquera peut être un tournant dans leurs relations.

Sujet convenu, mille fois traité me direz vous … Oui mais voilà, il y a les acteurs, et pas des moindres !

Bon, je ne vous fais pas attendre plus longtemps  …. Il y a Patriiiick dans le casting de cette comédie !

Patrick Bruel, vous savez, celui qui, il y a quelques années, causait évanouissements et pleurs au sein d ‘un public de jeune filles en fleur qui s’époumonaient et hurlaient son nom !

Je n’en étais pas, c’est vrai, mais son image et son visage font partie de mon inconscient personnel … Chanteur, c’est vrai, au timbre rauque et sensuel, mais également acteur de cinéma, et ce visage craquant, ce sourire enjoleur, ces yeux pétillants …. Patriiiiiick !

Alors inutile de vous dire que je suis demeurée figée, bouche bée, alors qu’il traversait le restaurant du théâtre Edoiuard VII où je dinais , juste avant la pièce .

Pas même le réflexe de sortir mon Iphone pour immortaliser son visage, sa silhouette, quelquechose ! J’ai juste savouré ce moment, pour moi, en imprimant le souvenir dans ma seule mémoire.!!

Et puis il y a les autres acteurs, et en particulier, Valérie Benguigui. Je l’avais adorée dans  » Comme tu es belle  » de Liza Azuelos . Elle y campait déjà une femme qui porte à bout de bras ses enfants e t son mari, en se perdant un peu en route …

dans  » le prénom « , le rôle qu’elle interprète est assez proche de ce personnage, et elle le tient à merveille. C’est d’ailleurs elle qui obtiendra la première salve d’applaudisssements au terme d’un monologue éblouissant au cours duquel elle livre enfin à son mari, son frère, son ami et sa belle soeur le fond de sa pensée .

« Moi, je vais prendre mon aigreur, mon dégoût et ma rancune, et tous les quatre on va aller se coucher … «  … C’est ainsi qu’elle concluera avant de disparaitre de scène.

On rit aux éclats, on se reconnait parfois, voire souvent, et les femmes repartent un sourire béat accroché au visage … inutile de préciser pourquoi, non ?!

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Dieu qu’ils étaient lourds … Le Lucernaire

Dieu qu’ils étaient lourds

Le Lucernaire

53 rue Notre-Dame des champs, 75006 Paris.
Standard : 01 42 22 26 50

Nous avons découvert ce lieu il y a peu : théâtre, cinéma, librairie : la culture y est multiformes .. Et en plus on peut manger un morceau sur place !

Nous avons été conquis !

Alors je vous livre la critique de LUI, qui décrit tant le lieu insolite que la pièce !

Dieux qu’ils étaient lourds.

D’abord, il faut attendre au bas d’un escalier en colimaçon un peu branlant. On est peu nombreux, quelques dizaines tout au plus, cela donne l’occasion ou l’envie d’observer les autres spectateurs, pas comme dans les grandes salles ou la foule est une et anonyme. L’accès à l’escalier est fermé par une petite chaîne en métal, sous la surveillance souriante d’une jeune ouvreuse. La demoiselle, gardienne des lieux, nous annonce que nous grimperons au Paradis à 19 heures précises et qu’il nous faudra veiller à faire silence pendant la montée. D’autres spectacles se déroulent aux étages inférieurs. Traversera-t-on le purgatoire ?

La salle bien nommée est nichée dans les combles du Lucernaire, lieu culturel multiforme mêlant théâtre, cinéma, librairie, restaurant … Nous montons donc vers le ciel dans un silence religieux – le Paradis ça se mérite – mais c’est peine perdue, sous nos pieds les planches de bois craquent et crissent. Les damnés des étages inférieurs devront supporter les nuisances de notre passage. Et puis, enfin, l’obscurité dense du Paradis nous accueille. On prend place sur des gradins en forme de L qui encerclent la scène. Une voix mystérieuse nous informe que la sortie de secours se situe derrière le grand rideau noir, tout au fond de la salle. On comprend alors qu’ici on ne se trouve pas devant la scène, on est dedans.

Une vieille chanson sortie d’un phonographe du siècle dernier remplit lentement le silence. Puis une voix rocailleuse qui va s’enhardir par la suite pour devenir parfois cynique, parfois jubilatoire. Des propos confus au début, puis nostalgiques, amers, noirs, méchants, désabusés, drôles. Des bouffées de ressentiment, telles les dernières flèches empoisonnées d’un homme qui se réfugie avec délectation dans l’incompréhension de ses contemporains, et qui transforme cette incompréhension en gloire.

Que reste-t-il de sa vie alors que la fin du voyage approche et que le bout de la nuit se profile ? « Ce ne sont que des turpitudes humaines qu’un peu de sable efface. »

Répondant aux questions d’une improbable interview, Céline – car c’est de lui, le grand écrivain admiré et décrié, qu’il s’agit – Céline, donc, défend son style. Jusqu’au bout, il affirme que la forme domine le fond, que les mots prennent le pas sur les idées. Les mots justes, le grand style, pas le fatras des soi-disant auteurs de littérature, le style qu’on ne rencontre qu’une ou deux fois par génération. Céline se bat, refuse les concessions et les confessions face à ses détracteurs. Pas de remords, peu de regrets. Juste un écrivain à la recherche d’une certaine pureté, d’une certaine perfection, au risque que celle-ci ne devienne une « pureté dangereuse ».

Dans l’esprit du dernier texte du misanthrope de Meudon, les « entretiens avec le professeur Y », la pièce reprend des extraits d’entretiens radiophoniques donnés par Céline à la fin des années cinquante. Marc-Henri Lammande est éblouissant. Quel bonheur de voir et d’entendre un acteur, un véritable acteur de théâtre, plutôt que des stars du petit écran qui se débattent pitoyablement dans des rôles trop grands pour eux. C’est juste, c’est émouvant. On oublie un instant qu’on se trouve dans un théâtre, les fesses posées sur des planches de bois, on oublie les quelques dizaines de spectateurs, on s’imagine au coin d’un feu qui crépite, témoin privilégié, échangeant des pensées profondes et des souvenirs de la vie avec un mythe, avec un « monstre » de la littérature.

Dieu que cette heure fut courte.

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Le roi se meurt – avec Michel Bouquet

J’ai assisté à la première du roi se meurt avec Michel Bouquet.

Une première avec un artiste hors du commun, un monument du théâtre et du cinéma français, et pourtant … la salle n’était pas remplie.

Pourquoi ?

Comment expliquer l’absence de la presse, du tout Paris ne serait ce que pour rendre hommage à l’homme !

Et puis il y a la pièce elle même, qui à elle seule justifie le déplacement : tous les sentiments que l’homme ressent face à la perspective de sa mort y sont analysés, détaillés, vécus sous nos yeux . Il y a le déni, le refus, le début de l’acceptation, jusqu’à la résignation, et puis les sursauts de révolte, de combat, pour enfin lâcher prise, comme apaisé. Michel Bouquet est exceptionnel, de vérité, d’émotion …

Et pourtant la véritable surprise est ailleurs : 6 acteurs en scène, et tous exceptionnels. Il est rare de voir une telle harmonie de talents.

Alors vous l’aurez compris : je vous le dis  » allez y » !

Bien sur le sujet est loin d’être frivole, et, c’est vrai ,la dernière partie m’a paru un peu longue, mais tout cela s’efface pour ne laisser place qu’à l’interprétation magistrale chargée d’émotion.

Et le public ne s’y trompe pas quand à la fin il se lève comme un seul homme pour leur rendre un hommage largement mérité !

Comédie & Studio des Champs-Elysées
15, av Montaigne
75008 PARIS

http://www.comediedeschampselysees.com/


La rentrée à PARIS – expositions, théâtre, ce qu’il ne faut manquer à aucun prix !

L’été est fini, voilà, c’est dit !

Une raison de se réjouir : la rentrée théâtrale et celle des musées qui se profile à grands pas !

Alors, un petit best of de ce qui semblerait intéressant pour vaincre la grisaille de septembre …

Les expositions qui vont faire la rentrée

Le Grand Palais

La Nef du Grand Palais

Biennale des antiquaires
Du 15 au 22 septembre 2010

2e nuit électro au Grand Palais / SFR live concerts
Samedi 9 octobre 2010

FIAC
Du 21 au 24 octobre 2010 

Les expositions des Galeries nationales du Grand Palais

Claude Monet.1840 -1926
Du 22 septembre 2010 au 24 janvier 2011

Pinacothèque de Paris Rond-Point. Cette fois, il joue et met en scène une pièce de jeunesse de Guitry, et partage l’affiche avec Julie Depardieu, Xavier Gallais et Brigitte Catillon. Belle promesse.

À partir du 7 septembre, Théâtre de la Madeleine. 01.42.65.07.09.

et pensez à l’Opération
« soyez les premiers aux premières »
50% du 7 au 16 septembre 2010

Le Prénom

Avec Patrick Bruel.

Bernard Murat « délaisse » un temps son compagnon de route fétiche, Pierre Arditi, pour Patrick Bruel. Dans cette pièce signée Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, le chanteur-acteur incarne un futur père dans un repas de famille qui tourne mal, à la suite d’une discussion sur le prénom de l’enfant à venir… À ses côtés, Judith El Zein et Valérie Benguigui.

À partir du 7 septembre, théâtre Edouard VII. 01.47.42.59.92.

Le roi se meurt

Avec Michel Bouquet.

Dans une mise en scène de Georges Werler, le rôle lui avait valu le Molière du meilleur comédien. Retour de Bouquet, immense, royal, dans Le roi se meurt, farce tragique signée Ionesco.

À partir du 8 septembre, Comédie des Champs-Elysées. 01.53.23.99.19.

La médaille

Avec Zabou Breitman.

Son dernier spectacle, adapté de Depardon était d’une douce et profonde humanité. Zabou Breitman porte à la scène le texte terrible et drôle de Lydie Salvayre qui explore un rituel grotesque et omniprésent : la remise de médailles. Le monde du travail à la loupe…

Du 9 septembre au 9 octobre, théâtre du Rond-Point. 01.44.95.98.21.

Kramer contre Kramer

Avec Frédéric Diefenthal et Gwendoline Hamon.

Robert Benton en avait fait un film poignant, avec Dustin Hoffman et Meryl Streep. Frédéric Diefenthal et Gwendoline Hamon, époux à la ville, se déchirent à la scène, dans la peau des Kramer, sous la conduite de Didier Caron.

À partir du 10 septembre, théâtre des Bouffes-Parisiens. 01.42.96.92.42.

Le Retour au théâtre

De Bertrand Blier.

Treize ans qu’il n’avait pas écrit pour le théâtre, depuis Les Côtelettes, qui réunissait Philippe Noiret et Michel Bouquet. Cette fois, Anny Duperey et Myriam Boyer se donnent la réplique dans Désolé pour la moquette, improbable rencontre entre une grande bourgeoise et une clocharde. Noir, grinçant, écrit et mis en scène par Blier.

À partir du 10 septembre, théâtre Antoine. 01.42.08.46.28.

Voilà ! Pas mal non pour attaquer le mois de septembre … !